Des tremblements de terre à Montréal ? Pas question !

Science & Policy Exchange
5 min readNov 12, 2021

par Meghomita Das, Dialogue Sciences et Politiques

Le 17 mai 2021 au petit matin, les Montréalais de toute l’île se sont réveillés avec une secousse pour commencer leur journée.

Un petit tremblement de terre de magnitude 3,8 a frappé à environ 70 km au nord-est de Montréal. La secousse a été ressentie dans certaines parties de Laval, de Saint-Bruno-de-Montarville et de Notre-Dame-de-Grâce (NDG).

Bien que ça ait été un tremblement de terre de faible magnitude (sur la grande échelle des magnitudes sismiques), ce n'était pas le premier à secouer le Québec et ce ne sera certainement pas le dernier. Les tremblements de terre représentent une vive menace pour les communautés vivant dans les zones sismiques et ils causent des pertes économiques de plusieurs milliards de dollars. Le Canada enregistre plus de 4000 tremblements de terre chaque année, soit environ 11 par jour. Heureusement, la plupart de ces tremblements de terre ne sont pas assez forts pour que nous les ressentions. Pour les personnes vivant sur la côte ouest du Canada, les forts tremblements de terre sont une réalité et un fort tremblement de terre se fait attendre depuis longtemps. Cependant, l’est du Canada réserve ses propres surprises sismiques. Tremblements de terre Canada, qui est affilié à Ressources naturelles Canada, surveille l’activité sismique à travers le Canada et détermine le potentiel sismique de divers endroits du pays en cas de séisme. L’organisme classe le sud-ouest du Québec dans la zone d’aléa sismique “élevé à modérément élevé”, avec une probabilité de trente pour cent de dommages importants tous les 50 ans.

Pourquoi Montréal connaît-elle des tremblements de terre ?

La ville de Montréal est située entre deux zones sismiques actives: la zone sismique de Charlevoix-Kamouraska (ZSC) et la zone sismique de l’Ouest du Québec (ZOSQ). La zone de Charlevoix longe le fleuve Saint-Laurent, près de la ville de Québec, et la zone de l’Ouest du Québec couvre le vaste territoire de Montréal à Témiscamingue, le long de la vallée de l’Outaouais. Ces deux zones ont produit des séismes de forte magnitude dans le passé. Le plus fort tremblement de terre enregistré au Québec est celui de 1925, d’une magnitude de 6,2, à Charlevoix. Le plus grand tremblement de terre enregistré dans la zone sismique de l’Ouest du Québec a été d’une magnitude de 6,2 et a frappé la région de Témiscaming, le long du cours supérieur de la rivière des Outaouais. Avant l’utilisation des sismomètres, les traditions orales des Premières nations contenaient des récits de tremblements de terre décrivant l’effondrement de maisons, la destruction de villages et d’intenses secousses du sol. Ces événements historiques, ainsi que les tremblements de terre ressentis récemment, nous alertent sur le fait que Montréal est effectivement sur des bases fragiles.

Comment pouvons-nous nous préparer aux tremblements de terre ?

Comme les tremblements de terre ne peuvent pas être prédits et ne peuvent pas être contrôlés, la préparation aux tremblements de terre exige un effort collectif, tant au niveau de la gouvernance qu’au niveau de la communauté. Au niveau de la gouvernance, l’accent doit être mis sur les besoins en infrastructures et sur des plans de communication efficaces en cas de catastrophe qui alertent les communautés à risque. La mise à jour des codes de construction, la modernisation des vieux bâtiments pour les stabiliser et la réalisation d’exercices d’urgence réguliers avec des voies d’évacuation d’urgence désignées constituent un bon point de départ. L’absence de structures de bâtiments robustes, tant résidentiels que commerciaux, pourrait causer de graves dommages, même lorsque la magnitude du tremblement de terre est faible. Pour une ville non préparée comme Montréal, avec une population croissante et un grand pourcentage d’infrastructures désuètes, situées au milieu de zones sujettes aux tremblements de terre, même un tremblement de terre de faible magnitude peut faire des ravages et causer des dommages massifs aux vies et aux biens. Ce fait s’est vérifié en 1732, lorsqu’un tremblement de terre de magnitude 5,8 a secoué la ville de Montréal, causant des dommages importants aux cheminées, aux murs et à environ trois cents maisons. Une autre façon de rendre les villes sûres est de mettre en place des systèmes d’alerte précoce aux tremblements de terre (EEW), qui détectent rapidement les tremblements de terre et envoient des alertes en temps réel aux citoyens pour les inciter à prendre les mesures nécessaires. Ressources naturelles Canada est en train de développer un tel système pour le Canada.

Emplacements des séismes épicentraux (cercles colorés) dans l’est du Canada à intervalles de cinq ans à partir de 1985. La taille des cercles est mise à l’échelle en fonction de leur magnitude. Seuls les tremblements de terre signalés comme ressentis sont représentés. Animation réalisée par le Dr Andres Peña-Castro, de l’Université McGill, à partir de données de Ressources naturelles Canada (RNCan)

Au niveau communautaire, la préparation aux tremblements de terre se résume à une communication efficace entre les autorités gouvernementales et la communauté. Tremblements de terre Canada fournit une liste exhaustive des meilleures pratiques que l’on peut mettre en œuvre afin d’être prêt à faire face à un tremblement de terre. Ces pratiques ne sont pas très différentes de la préparation à toute autre catastrophe naturelle comme les inondations ou les ouragans, mais elles nécessitent une mise en œuvre à l’échelle nationale. Préparer un kit antisismique, assurer sa propriété, tester le terrain pour détecter les risques sismiques, participer à des exercices d’urgence dans les écoles et les bureaux, et savoir quoi faire pendant un tremblement de terre sont autant de stratégies efficaces qui peuvent réduire le niveau de panique pendant le tremblement de terre et donner du temps pour se mettre en sécurité et ainsi sauver des vies. Plusieurs villes du Canada ont mis en place des campagnes de préparation aux situations d’urgence telles que le Great Shakeout ou La Grande Secousse pour aider à savoir quoi faire pendant un tremblement de terre et comment s’y préparer. Ces campagnes sont des initiatives annuelles qui s’adressent à des participants du monde entier, et elles font la promotion de trois actions simples : Se jeter sous une table, se couvrir la tête et s’accrocher à la table.

Comme l’indique le Service géologique des États-Unis, nous ne pouvons pas prévoir les tremblements de terre ni dire de manière concluante quand le prochain grand séisme frappera. En attendant, nous avons besoin de politiques gouvernementales et d’une plus grande sensibilisation à ces catastrophes pour protéger nos villes vulnérables et sauver d’innombrables vies.

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A student-run non-profit that works to foster the student voice in science policy and evidence-informed policy-making in Canada. Based in Montreal.