Accro aux solutions: comment les pêcheries canadiennes peuvent ramener la pollution plastique

Science & Policy Exchange
5 min readMar 14, 2023

par Maïa Dakessian, Dialogue sciences et politiques (DSP)

Chaque minute, une quantité de plastique équivalente au poids d’un camion se retrouve dans l’océan.
Chaque mois, deux Empire State Buildings remplis de plastique sont jetés dans l’océan.
Chaque année, c’est l’équivalent d’un milliard d’éléphants.

On estime que chaque année, huit millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans. Le plastique contribue largement à leur pollution. La pollution par le plastique et les débris abandonnés lors des activités de pêche nuisent à la vie marine, détruisent les plages et menacent la santé humaine. Ce type de pollution plastique est particulièrement dangereux pour les écosystèmes marins, car il faut des centaines d’années pour que le plastique se décompose en microplastiques, qui peuvent être nocifs lorsqu’ils sont ingérés par les poissons et les mammifères marins. Bien que le problème puisse sembler insurmontable, nous pouvons prendre certaines mesures pour y remédier et protéger nos océans pour les générations futures.

Les objectifs de ce billet de blog sont d’approfondir le débat sur les déchets de plastique ainsi que de discuter du lien entre les microplastiques dans nos océans et la pêche au Canada et des stratégies innovantes que cette industrie met en œuvre pour réduire son impact sur l’environnement.

Vous avez peut-être entendu parler de la grande plaque de déchets du Pacifique, qui fait deux fois la taille du Texas, ou des politiques visant à réduire les plastiques à usage unique (pailles, sacs, etc.), mais qu’y a-t-il vraiment au fond de la mer ?

Sources de plastique à usage unique et de microplastiques

Actuellement, la gestion des déchets de plastique dans les milieux marins canadiens vise principalement la réglementation des sources terrestres de microplastiques, telles que les emballages de plastique, les matériaux de construction et les articles ménagers. Ainsi, les politiques canadiennes visent surtout l’élimination des plastiques à usage unique. Par exemple, le gouvernement fédéral s’est récemment engagé, entre autres, à détourner au moins 75 % des déchets de plastique des activités fédérales, à réduire l’utilisation inutile des plastiques à usage unique et à interdire les microbilles dans les articles de toilette d’ici à 2030.

Cependant, les microplastiques dans l’océan proviennent aussi de sources aquatiques, telles que les activités de pêche. Par exemple, les engins de pêche comme les cordes et les filets sont de gros objets en plastique qui peuvent se décomposer en éléments plus petits (microplastiques secondaires) dans l’environnement marin. En fait, on estime qu’en poids, les engins de pêche perdus ou rejetés («engins fantômes») représentent 70 % des microplastiques présents dans l’océan.

Les sources de déchets de plastique et de pollution sont nombreuses et affectent le monde entier. C’est pourquoi un changement systémique est nécessaire plutôt que des actions individuelles, telles que le nettoyage des plages ou l’adoption d’un mode de vie « zéro déchet ». Par exemple, la pollution par les déchets de plastique étant un problème mondial, le gouvernement du Canada s’est intéressé aux partenariats internationaux, tels que la Global Ghost Gear Initiative (GGGI), afin de développer de meilleures pratiques pour réduire l’accumulation d’engins fantômes.

Gestion des déchets de plastique

Comment les gouvernements peuvent-ils contribuer à empêcher les déchets de plastique de se retrouver dans nos océans ? En 2018, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont adopté la Charte sur les plastiques dans les océans afin d’élaborer des politiques durables pour gérer ce type de déchets dans les océans du monde entier. Par ce biais, le Conseil canadien des ministres de l’environnement a adopté la Stratégie pancanadienne zéro déchet plastique. Ce plan stratégique comporte deux volets : 1) améliorer la circularité du plastique dans l’économie et 2) réduire la pollution par le plastique.

D’autres recommandations clés concernant la gestion des déchets de plastique au Canada ont été discutées lors d’un forum public de DSP en 2019, en collaboration avec Climatable, une organisation à but non lucratif basée à Montréal qui se concentre sur les actions climatiques au Canada. L’une des principales recommandations était de développer des mesures pour encourager la collaboration et susciter la discussion entre les scientifiques, les individus, les entreprises et les instances gouvernementales. L’objectif de cet événement était de discuter de l’ampleur du problème de la pollution par les déchets de plastique au Québec et dans le reste du Canada. Vous pouvez en savoir plus sur l’événement Flux de déchets : Pouvons-nous endiguer la marée de plastique? ici !

Engins de pêche durables

En 2019, le gouvernement du Canada a créé le Programme de contributions pour soutenir des solutions durables en matière de pêche et la récupération des engins de pêche afin d’aider les communautés côtières à récupérer les engins de pêche fantômes. Entre 2019 et 2021, 739 tonnes d’engins de pêche ont été récupérées sur les côtes canadiennes de l’Atlantique et du Pacifique (en poids, cela équivaut à 231 zambonis !). En 2021, le Canada a également lancé un système de signalement des engins de pêche dans l’espoir de garder les eaux canadiennes propres (le plus possible). Depuis cette initiative, 224 tonnes d’engins fantômes ont été retirées des eaux (en poids, cela équivaut à 36 éléphants). Pêches et Océans Canada s’efforce actuellement de trouver des solutions pour éviter de nouvelles pertes d’engins.

Cependant, la récupération des engins fantômes est coûteuse et consomme beaucoup de carburant. Que peut-on donc faire en parallèle ? Certaines entreprises tentent de rendre les engins de pêche eux-mêmes plus durables. Le gouvernement du Canada prévoit également investir dans différentes innovations qui peuvent contribuer à rendre la pêche plus durable : en 2019, il a accordé à Plantee Bioplastics Inc. une subvention de 138 000 dollars pour développer des engins de pêche biodégradables.

Vous souhaitez donner votre avis sur un secteur de la pêche plus respectueux de l’environnement au Canada ? Le gouvernement fédéral vous invite à lui faire part de vos commentaires d’ici le 17 mars par courrier électronique (BlueEconomy-EconomieBleue@dfo-mpo.gc.ca). Pour plus d’informations, consultez la plateforme Parlons réglementation fédérale.

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A student-run non-profit that works to foster the student voice in science policy and evidence-informed policy-making in Canada. Based in Montreal.